Pistachier lentisque

Le pistachier lentisque est un arbuste méditerranéen qui produit des fruits comestibles et une sorte de gomme très utilisée dans la pharmacopée traditionnelle tout autour de la méditerranée.

Origine et histoire du Lentisque pistachier

Le pistachier lentisque (Pistacia lentiscus) ou arbre au mastic, est un arbuste pouvant atteindre 3 mètres en hauteur comme en largeur. Il pousse très lentement dans les Garrigues du bassin méditerranéen de l'Espagne à l'Iran au nord et de la Syrie au Maroc au sud. En France, on le trouve à l'état sauvage en Corse, sur les bords de la Méditerranée et en Chanrente-Maritime. C'est un arbuste tout terrain, supportant les sols lourds comme drainants, légèrement acide à très basique (calcaire) jusqu'à 1000 mètres d'altitude. Quant au climat, étant un arbuste méditerranéen, il est apte à supporter la chaleur et la sècheresse et il est de plus résistant au froid selon les conditions et la durée entre -10° et -15°. Le lentisque pistachier (on trouve les deux écritures selon les régions) a une longue tradition dans la pharmacopée des civilisations égyptiennes, grecques ou romaines. 3 siècles avant JC, on trouve des écrits de Théophraste sur le pistachier lentisque, un des premiers botanistes grecs. Plus tard, c'est grâce à Pline, encyclopédiste romain, que l'on en apprend un peu plus sur les utilisations médicinales de cette plante aux milles vertus. Au début de l'ère chrétienne, Dioscoride, médecin grec, a beaucoup écrit sur les vertus du mastic issu de la résine ou gomme que l'on extrait par incision sur le tronc de l'arbre. Plus proche de nous, le botaniste Français, Joseph Pitton de Tournefort, a développé une description approfondie de la plante médicinale complétée par son meilleur élève Sébastien Vaillant qui déterminera précisément son caractère dioïque. Aujourd'hui encore, on considère que c'est sur l'Ile grecque de Chios qu'on obtient la meilleure résine grâce à son climat. D'ailleurs, au 17ème siècle, le Sultan Ottoman Mustapha II avait institué un monopole du commerce de la résine qui était très prisée à sa court. La résine originaire de cette Ile a été inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'humanité à l'UNESCO en 2014. De nos jours, c'est toujours un remède naturel utilisé en Espagne, en Algérie et au Maroc. L'arbre possède un bois très intéressant pour la menuiserie, l'ébénisterie et la marqueterie. On en fait aussi un charbon de bois très efficace. L'huile verte issue du fruit, a longtemps servi pour l'éclairage.

Pistacia lentiscus dans la pharmacopée aujourd'hui

Le lentisque pistachier est connu depuis longtemps par la médecine traditionnelle pour soigner les problèmes respiratoires et de digestion. On lui reconnait aussi des vertus antifongiques, antidiarrhéiques, digestives, antiscorbutiques, aphrodisiaques et décongestionnantes. On l'applique en cataplasme, en huile essentielle, en gomme à mâcher ou en fumigation pour assainir l'atmosphère. On peut se servir des feuilles pour assainir l'eau, comme cela se pratique en Algérie ou dans le sud de l'Espagne. La résine sert aussi à parfumer des pâtisseries, des confiseries et une liqueur appelée Mastika. Je fruit qui se présente sous la forme d'une drupe est rouge et amère dans un premier temps, puis devient noir et doux pour être consommé. L'huile de couleur verte issue du fruit sert dans de nombreux pays du Maghreb à faire une pâte mélangée à de la farine et de la pâte d'amande, appelée "beurre" que l'on dissout ensuite dans le thé. En Sardaigne, cette préparation se tartine sur du pain rassi ou des biscottes. Elle sert pour soigner les brûlures au Maroc. Une fois transformée en huile jaune après ébullition, cette huile sert en cuisine pour confectionner les beignets. les feuilles de cet arbre servent aussi à faire des tisanes.

Culture et récolte de cet arbuste aromatique

Le pistachier lentisque peut se planter dans nos jardins dans une grande moitié ouest de la France. Il faut le planter toujours dans un sol drainant qu'il soit argileux ou sablonneux. On peut l'installer en plein soleil comme à l'ombre d'un arbre plus grand. Dans les régions plus froides l'hiver, il est conseillé de le planter contre un mur exposé au sud ou à l'ouest. Il supporte bien la sècheresse, mais il faudra quand même l'arroser la première année pour qu'il ait le temps de s'implanter. On le plantera à l'automne autour du bassin méditerranéen et au printemps dans les autres régions. Une fois bien installé, il supporte les coups de froid, et si les parties aériennes sont gelées, cet arbre a la capacité de faire des nouvelles pousses sur les racines un peu comme le figuier. Pour espérer avoir une fructification régulière, il faudra le protéger des gelées tardives de printemps. Cela vaut quand même le coup de l'essayer dans son jardin.